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SQL vs ORM : Quelle approche choisir pour vos projets de développement ?

Publié le 22 Juillet 2025
SQL

Dans le monde du développement, la gestion des données est un élément central. Les bases de données relationnelles restent la norme dans une majorité de projets et la question de l’accès à ces données se pose inévitablement. Faut-il manipuler directement le SQL (Structured Query Language), ou s’appuyer sur un ORM (Object Relational Mapping) pour abstraire et simplifier les interactions avec la base ?

Ce dilemme divise souvent les développeurs : d’un côté, les partisans du SQL pur vantent sa puissance et sa granularité, de l’autre, les défenseurs des ORM mettent en avant la rapidité de développement et la maintenabilité du code.

L’objectif n’est pas de trancher définitivement, mais de donner aux développeurs les clés pour faire un choix éclairé en fonction de leur contexte et de leurs besoins.

Contexte : SQL et ORM, deux visions différentes de la gestion des données

Le SQL est un langage standardisé créé dans les années 70. Il est conçu pour interagir avec des bases de données relationnelles. Il est à la fois déclaratif, puissant et permet de manipuler des ensembles de données complexes grâce à des requêtes précises et optimisées. Utiliser le SQL directement signifie avoir un contrôle total sur ce qui se passe dans la base, que ce soit pour des requêtes simples ou des optimisations poussées.

L'ORM repose sur un paradigme différent. Plutôt que d’écrire des requêtes SQL à la main, un ORM se charge de traduire des objets de votre application en instructions SQL, puis de mapper les résultats en objets du langage de programmation. Par exemple en PHP, Symfony propose Doctrine, en Python on retrouve SQLAlchemy ou Django ORM et en Go, des librairies comme GORM offrent des fonctionnalités similaires. L’ORM a pour vocation de réduire la friction entre le monde relationnel des bases de données et le monde orienté objet des langages modernes.

Pourquoi utiliser SQL dans vos projets ?

Le SQL reste incontournable dans de nombreux scénarios. Il offre un contrôle complet sur les requêtes exécutées, la gestion des performances et l’optimisation des indexes. Pour des projets où la performance est critique, le SQL direct est souvent le choix privilégié. Le développeur sait exactement quelles requêtes sont envoyées, ce qui permet de tirer parti des fonctionnalités avancées des Système de Gestion de Base de Données (SGBD) comme PostgreSQL, MySQL ou Oracle, telles que les Common Table Expressions (CTE), les window functions, ou encore des optimisations spécifiques liées au moteur de la base.

En utilisant SQL on élimine aussi une couche d’abstraction supplémentaire. L’absence de transformation des données entre les objets et la base réduit les risques de comportements imprévisibles. Cela peut faire une grande différence sur des projets complexes, où des ORM mal configurés peuvent générer des requêtes inefficaces.

Enfin, apprendre et maîtriser le SQL est une compétence fondamentale pour tout développeur backend. Comprendre comment fonctionnent les jointures, les transactions, ou les verrous de base de données permet d’écrire un code plus robuste, même lorsqu’on utilise un ORM en parallèle.

Pourquoi utiliser un ORM dans vos projets ?

L’ORM séduit avant tout par sa simplicité d’utilisation et sa rapidité de développement. Écrire du SQL à la main peut devenir répétitif, surtout pour des opérations basiques comme les insertions, les mises à jour ou la récupération d’un enregistrement. Avec un ORM, ces actions se traduisent par quelques lignes de code orienté objet, lisibles et faciles à maintenir. Par exemple, récupérer tous les utilisateurs actifs peut se résumer à une méthode.

Exemple avec l’ORM Doctrine et PHP/Symfony :


$users = $entityManager->getRepository(User::class)
                       ->findBy(['active' => true], ['createdAt' => 'DESC']);

L’ORM réduit aussi le risque d’erreurs liées à la concaténation de chaînes ou à l’injection SQL, puisqu’il s’appuie sur des mécanismes internes de sécurisation comme les requêtes préparées. Pour des équipes où tout le monde n’est pas expert en SQL, cela représente un gain de temps considérable.

De plus, les ORM intègrent souvent des fonctionnalités avancées de migration de schéma, de gestion de relations entre objets et de lazy loading, ce qui simplifie la maintenance du code et la gestion des évolutions de la base. Dans des projets où la logique métier évolue rapidement, l’ORM est un allié pour rester agile.

Ce que l’on peut faire avec SQL

Le SQL offre une grande liberté dans la manipulation des données. Il permet de créer des requêtes extrêmement complexes, d’agréger des données en temps réel, de travailler avec des sous-requêtes ou des vues matérialisées, et d’exploiter les fonctions natives des SGBD. Par exemple, on peut effectuer en une seule requête des calculs statistiques, des regroupements par période, ou encore des tris multi-colonnes avec des critères personnalisés.

En SQL, le développeur peut également optimiser finement les performances en analysant les plans d’exécution des requêtes et en ajustant les indexes. Cela est très utile pour les applications à forte volumétrie où chaque milliseconde compte.

Prenons l’exemple d’une requête où l’on souhaite récupérer pour chaque client par mois le nombre total de commandes, le chiffre d’affaires total le panier moyen et réaliser un tri par chiffre d’affaires croissant :


SELECT customer_id,
       customer_name,
       month,
       COUNT(*)             AS total_orders,
       SUM(total)           AS total_sales,
       ROUND(AVG(total), 2) AS average_order
FROM (
       SELECT c.id                              AS customer_id,
              c.name                            AS customer_name,
              DATE_TRUNC('month', o.created_at) AS month,
              o.total
       FROM customers c
           JOIN orders o ON o.customer_id = c.id
       WHERE o.created_at >= DATE_TRUNC('year', CURRENT_DATE)) AS sub
GROUP BY customer_id, customer_name, month
ORDER BY total_sales DESC, month DESC;

Ce que l’on peut faire avec un ORM

Un ORM simplifie considérablement la manipulation des données pour les opérations courantes. Il permet de créer, lire, mettre à jour et supprimer des données sans jamais écrire une ligne de SQL. Les ORM modernes offrent aussi des query builders, qui permettent de construire dynamiquement des requêtes complexes sans sacrifier la lisibilité.

Un ORM gère également les relations entre les entités, comme les “one-to-many”, “many-to-many” ou “one-to-one”, en masquant la complexité des jointures SQL. Cette approche est particulièrement efficace dans des projets avec une logique métier riche et un code orienté objet, car elle évite les conversions manuelles entre le modèle objet et le modèle relationnel.

Exemple avec l’ORM Doctrine et PHP/Symfony :


// Récupérer un client
$customer = $entityManager->getRepository(Customer::class)->find(1);

// Récupérer les commandes de ce client
$orders = $customer->getOrders();

// Afficher les produits de chaque commande
foreach ($orders as $order) {
   echo "Commande #" . $order->getId() . "\n";
   foreach ($order->getProducts() as $product) {
       echo "Produit : " . $product->getName() . "\n";
   }
}

Ici, aucune requête SQL n’est directement écrite. Doctrine se charge de générer les requêtes nécessaires (souvent avec un lazy loading ou un join fetch si on le configure).

Avantages et limites du SQL

L’un des principaux avantages du SQL est sa puissance brute et sa compatibilité universelle avec les bases de données relationnelles. Il est également plus performant dans la plupart des cas où l’optimisation est cruciale car il n’y a pas d’intermédiaire entre le développeur et le moteur de base de données.

Cependant, le SQL demande plus de temps de développement et une expertise technique approfondie. Écrire des requêtes complexes peut rapidement devenir source d’erreurs ou de code difficile à maintenir, surtout si plusieurs développeurs interviennent sur le même projet sans standardisation.

Avantages et limites des ORM

Les ORM accélèrent le développement et rendent le code plus lisible et plus maintenable surtout dans des équipes avec des niveaux hétérogènes. Ils offrent également une couche de sécurité supplémentaire en réduisant les risques d’injection SQL.

En revanche, les ORM ne sont pas exempts de défauts. Leur abstraction peut entraîner des pertes de performance, surtout si l’on ne comprend pas les requêtes SQL qu’ils génèrent en arrière-plan. Les phénomènes de “N+1 queries”, où l’ORM exécute des centaines de petites requêtes au lieu d’une seule requête optimisée sont un piège classique. Pour les requêtes très complexes, il est souvent nécessaire de revenir au SQL brut, ce qui limite l’intérêt de l’ORM.

SQL et ORM, faut-il choisir ?

Il ne s’agit pas de choisir entre le SQL ou un ORM, mais de savoir quand utiliser l’un ou l’autre. Pour des projets simples ou des prototypes rapides, l’ORM est un allié précieux. Il permet d’aller vite, de maintenir un code clair et d’éviter les erreurs courantes. Pour des projets nécessitant des performances maximales ou pour des opérations de traitement complexes, rien ne remplace le SQL écrit à la main.

Une approche hybride est souvent la meilleure solution : utiliser un ORM pour les opérations courantes, tout en écrivant du SQL optimisé pour les parties critiques. Cette combinaison permet d’obtenir le meilleur des deux mondes.